La hausse du coût de l’énergie se reflète clairement sur nos factures d’électricité, de gaz ou de mazout (sans parler des prix des moyens de chauffage alternatifs, comme le pellet ou le bois, qui suivent la tendance), mettant certains ménages dans le pétrin financièrement.
Pour répondre à cette problématique financière, mais aussi écologique, un groupe de recherche a développé une nouvelle approche du chauffage qui permettrait de diminuer le besoin en « chauffage central », le Slow Heat.
La perte de chaleur dans la maison
L’un des premiers constats est que notre façon de nous chauffer est souvent peu efficace : en effet, nous chauffons beaucoup de volume dans notre maison pour le confort de quelques personnes. Pour atteindre une température confortable, ressentie par les habitants ou occupants, il faut arriver à maintenir une température dans toute la ou les pièces. Sachant que la « température confortable » n’est pas la même pour tout le monde au sein d’un même bâtiment.
Malheureusement, peu d’entre nous peuvent se permettre de faire construire une maison économe ou passive, et on n’a pas toujours la possibilité d’acheter ou louer une maison ou un appartement avec des volumes adéquats (hauteur sous plafond raisonnable, volume des pièces cohérent avec l’utilisation…). La majorité du parc immobilier est composée de maison qui ne sont pas bien isolées. Les travaux d’isolation n’apportent pas toujours une grande différence, et il faut pouvoir se les permettre.
Les systèmes de chauffage classiques chauffent toute la maison de manière uniforme, alors que toutes les pièces ne sont pas occupées de manière égale ni pour la même activité. Les pièces ouvertes demandent plus de chauffage (on ne peut pas se contenter de chauffer le salon pour la soirée quand le salon, la salle à manger et la cuisine sont une seule grande pièce).
Le mouvement slow : questionner nos habitudes
Les chercheurs de Slow Heat ont voulu questionner nos habitudes en matière de chauffage pour trouver des solutions aux problèmes cités précédemment. La recherche s’articule autour de 4 points clés (comme décrits sur le site SlowHeat.org) :
SlowHeat.org
- Réduire la demande de chaleur du corps par la combinaison de 3 éléments : l’habillement, l’acclimatation et l’activité ;
- Continuer à chauffer les occupants mais plus le logement grâce à du matériel adéquat ;
- Refaire de la demande de chaleur un acte conscient et maîtrisé plutôt qu’automatique ;
- Rediscuter les normes de confort entre les membres d’un logement, et plus largement au sein de la société.
Grâce à ces changements, les chercheurs avancent qu’on pourrait vivre confortablement même avec une température ambiante de 16°C. Même sans aller jusque-là (cependant, si tu es motivé·e, fonce !), il y a probablement de bons conseils à glaner auprès du mouvement Slow Heat pour pouvoir baisser son chauffage de quelques degrés (chaque 1°C en moins au thermostat équivaudrait à une économie d’environ 7% de la consommation !).
Diminuer légèrement la température
L’idée centrale est donc de se préoccuper de la chaleur ressentie par les habitants ou occupants, plutôt que de chercher à maintenir une température élevée dans les bâtiments. Une première étape est de baisser le thermostat de quelques degrés.
Petite anecdote personnelle, pendant le confinement je m’étais petit à petit installée dans une température de confort de 21°C à force de rester tout le temps à la maison, puis mon compagnon a emménagé avec moi. Lui qui est plutôt amateur de températures plus fraîches (18°C) avait beaucoup trop chaud à la maison. On a commencé à diminuer progressivement la température et aujourd’hui je vis confortablement avec 18,5°C ou 19°C (selon les jours et l’activité), une baisse de 2°C au moins pendant les heures où on chauffe la maison. Nous sommes donc parfaitement capables de nous acclimater à une température un peu plus basse, et cela se fait relativement vite.
Cette adaptation peut se faire en diminuant petit à petit, ou au contraire en testant une température beaucoup plus basse que l’habituelle pour remonter progressivement jusqu’à trouver le bon compromis (personnellement, j’ai choisi de diminuer petit à petit).
Centrer la chauffe sur les occupants plutôt que sur le logement
C’est un bon premier pas, mais on peut encore baisser un peu le chauffage en se concentrant sur la chaleur créée et emmagasinée par le corps. L’avantage, en plus de pouvoir chauffer très peu la maison, c’est que chacun atteint sa température de confort personnelle (on sait par exemple que le corps des femmes et des hommes ne produisent pas de la chaleur de manière égale), évitant les conflits, mais aussi un surchauffage pour compenser les besoins de certain·es par rapport aux autres.
Le corps, confronté au froid, va brûler des calories pour se réchauffer. Ce n’est évidemment pas suffisant si on veut beaucoup baisser son chauffage, mais c’est l’une des facultés de notre corps, donc autant en profiter. Pour le reste, on a l’habillement. Ca peut paraître bête à dire, mais combien de fois je ne me suis pas retrouvée au bureau en plein hiver en train de suer parce que la moitié des occupants sont en t-shirt…
En matière de vêtements, des choses simples comme s’habiller en fonction de la saison et de son activité, porter plusieurs couches, rentrer la couche proche du corps dans son pantalon pour éviter les courants d’air, porter des vêtements suffisamment longs, choisir des matières respirantes et thermo-régulatrices (on en trouve beaucoup en magasins de sport et activités de plein air)…
Un autre levier est l’activité. Il n’est pas nécessaire de se lancer dans une séance de sport à chaque frisson, mais se lever assez régulièrement, faire des pauses actives (marcher un peu, faire une petite tâche domestique quand on est à la maison, se lever toutes les heures pour aller boire quelque chose) ou encore utiliser une swiss ball comme siège, installer un pédalier ou un plateau sur demi-sphère à ses pieds quand on est au bureau… Quand on commence à avoir froid en soirée, pourquoi ne pas aller prendre sa douche tout de suite avant de s’installer dans un bon plaid, en profitant de la chaleur accumulée par le corps ?
Ensuite, on va rechercher des solutions pour se chauffer près du corps au lieu de chauffer le volume de la pièce. En supplément des vêtements, on peut penser à un plaid, un poncho, une bonne écharpe (le cou, les poignets et les chevilles découverts = sensation de froid), mais aussi des dispositifs chauffants à installer sur son siège, à ses pieds ou dans son dos, ou une bonne veille bouillote. Il existe également des panneaux chauffants que l’on peut installer sur son bureau pour se réchauffer lorsque le besoin s’en fait sentir. Un petit chauffage d’appoint pour chauffer une pièce au besoin peut également éviter de faire tourner un chauffage central dans toute la maison.
Au Japon, il est courant d’adopter le Kotatsu pendant les périodes froides : une table chauffantes avec une couverture à laquelle on dîne et dont on profite également pour les soirées télé.
Même si cela entraîne un petit investissement et une légèrement consommation électrique, la diminution de la facture d’énergie serait dans tous les cas toujours bien supérieure. A condition, évidemment, de combiner l’utilisation de ces accessoires à un bon habillement, à de l’activité régulière, et à une acclimatation à une température un peu plus basse.
Repenser sa maison ?
Même si l’on ne peut pas investir dans son logement pour améliorer son isolation et son rendement énergétique, on peut travailler sur certains points pour diminuer le besoin en chauffage : privilégier des pièces que l’on peut fermer (et fermer les portes !) ou qui maintiennent bien leur chaleur pour les occupations fréquentes/prolongées (par exemple, pour le télétravail), regrouper les occupants dans la même pièce ou dans des pièces attenantes (pour ne pas devoir chauffer tout le bâtiment), adapter la température en fonction de la pièce et de son utilisation (généralement, la cuisine est une pièce de passage et où on est actif·ve, elle ne nécessite pas une température de confort similaire au salon).
Quelles que soient les solutions mises en place, l’idée pour commencer est de se questionner sur ce qu’on a toujours fait, pourquoi on le fait, et si cela ne dépasse pas nos besoins réels.
Retrouvez plus d’articles et de ressources sur le site SlowHeat.org, dont un forum pour échanger avec d’autres personnes qui s’y essaient. Voici quelques posts choisis sur des points qui n’ont pas été exposés dans cet article :