J’aime bien vous montrer ce que je lis sur Instagram. Il y a quelques temps, je vous avais montré la couverture du livre Antifragile : Les bienfaits du désordre. Un titre plutôt marrant sur le compte d’une minimaliste, non ? Pour cause : il n’est pas question d’objets, d’intérieur rangé ou de bordel physique, mais bien d’antifragilité dans sa manière de vivre et de réagir aux événements.
C’est quoi, être « antifragile » ?
Le concept d’antifragilité se veut à l’opposé de beaucoup de conseils que l’on peut entendre aujourd’hui. Le Professeur Nassim Nicholas Taleb déplore plusieurs fois dans son livre notre tendance à vouloir tout contrôler grâce aux innovations, en particulier les systèmes économiques et financiers, mais aussi notre santé (suite aux « progrès » de la médecine), et finalement toutes nos décisions du quotidien. Ce qui est contre-nature.
Pour agir de manière antifragile, il ne faut pas tenter de résister aux forces naturelles, aux événements, aux imprévus, mais plutôt être flexible et s’adapter. Lorsqu’on s’intègre dans une structure rigide, une pression trop forte finit par tout briser.
« Fragile : ce qui craint les événements inattendus
Robuste : ce qui est indifférent aux événements inattendus
Antifragile : ce qui profite des événements inattendus«
L’antifragilité est une propriété des systèmes qui se renforcent lorsqu’ils sont exposés à des facteurs de stress, des chocs, de la volatilité, du bruit, des erreurs, des fautes, des attaques, ou des échecs. C’est un concept développé par le Professeur Nassim Nicholas Taleb dans son livre Antifragile (…). Comme Taleb l’explique dans son livre, l’antifragilité est fondamentalement différente des concepts de résilience (la capacité à se remettre d’un échec) et de robustesse (la capacité de résister à l’échec).
Wikipédia
Prendre des risques ou tenter de prédire l’avenir
L’antifragilité est un concept qui a d’abord été développé pour l’économie, mais qui peut s’appliquer à tous les domaines. Faut-il perdre du temps et de l’énergie (et parfois de l’argent) à tenter de deviner ce qui pourrait se produire dans le futur, essayer de prédire tous les cas de figures possibles, avec le risque (presque certain) que nos plans ne se déroulent pas comme prévu, ou qu’une autre situation à laquelle nous n’avions pas pensé se présente?
Au contraire, ne serait-il pas plus bénéfique d’agir en fonction de la situation actuelle, de ne prévoir qu’à court terme, et de réagir en fonction des événements ?
Faire face à des situations imprévues (et de toute façon imprévisibles) nous permet de développer de nouvelles facultés, de nouvelles idées, de ne pas perdre de temps en amont, d’avoir l’esprit plus ouvert, d’avancer plutôt que de stagner ou de reculer.
L’antifragilité est la capacité à s’améliorer, à se renforcer, lorsqu’on est soumis à un stress, une force, un choc.
Le hasard est la règle, pas l’exception.
Onur Karapinar sur Medium
Les mamans-poules et l’école : comment nous sommes éduqués à être fragiles
Dans son livre, le Professeur Taleb consacre un chapitre entier aux mères-poules qui couvent leurs enfants, ne leur permettant pas de faire leurs expériences, de devenir antifragiles en se confrontant à des forces contraires, de vivre des échecs et de connaître des erreurs. Il en est de même pour le système éducatif qui, chez nous, n’apprend que rarement à vivre de manière flexible et instinctive. Pourtant, nous naissons antifragiles, guidés par notre instinct naturel.
N’écoutez pas et ne prodiguez pas sans cesse des conseils basés sur la peur et l’incertitude : notre vie est influencée par trop d’éléments sur lesquels nous n’exerçons aucun pouvoir. Pour y faire face, il faut les accepter et composer avec eux, pas tenter d’aller contre eux ou de les éviter.
Développer son antifragilité
Pour vivre aujourd’hui en subissant moins le stress et s’entraîner à rebondir et à avancer quand les choses changent de manière imprévue :
- Acceptez que la vie est faite d’incertitudes et que vous n’avez de contrôle que sur très, très peu de choses !
- Entraînez-vous à injecter de légers « stress » dans votre vie quotidiennement : pratiquez un sport en vous poussant dans votre retranchements, sortez régulièrement de votre routine (un conseil simple : changez de temps en temps d’itinéraire pour vos trajets habituels, cela stimule le cerveau en plus !), osez accomplir de petits gestes dictés uniquement par votre instinct, votre intuition, votre inspiration du moment, sortez de votre zone de confort, même pour quelque chose d’anodin…
- Ne mettez pas tous vos œufs dans le même panier, ne comptez pas sur une seule personne, une seule source de revenu, une seule perspective d’avenir… Cultivez également diverses facultés, connaissances, aptitudes… pour ne pas être dépendant.e et soumis aux fluctuations d’un élément unique.
- N’écoutez pas les conseils des personnes qui ne sont jamais sorties de leurs habitudes, qui n’ont jamais pris de risques, qui suivent un chemin tout tracé et unique, en bref, qui sont fragiles.
- Acceptez que les erreurs et échecs fassent partie de votre parcours et voyez-les comme des leçons à tirer, des enseignements précieux à réutiliser à l’avenir, voire des opportunités de vous rediriger.
- Adoptez l’esprit « lean startup » : un système petit est beaucoup plus antifragile qu’un plus grand. Quand vous vous lancez dans une nouvelle entreprise (qu’il s’agisse d’un projet professionnel ou de tout autre projet), procédez par itérations progressives : testez, observez, ajustez.
- Pour améliorer votre vie, mettez le doigt sur les éléments qui la rendent fragile et éliminez-les (qu’il s’agisse de personnes, d’habitudes, d’objets…). Il peut s’agir d’une possession qui vous coûte beaucoup d’argent, d’une mauvaise habitude en matière de santé, ou de dépenses, de personnes qui vous empêchent d’avancer et de vous adapter…
« La vie, c’est comme une boîte de chocolats : on ne sait jamais sur quoi on va tomber. »
Forrest Gump (c)
Antifragile : les bienfaits du désordre
L’antifragilité est un concept complexe qui est difficile à saisir en lisant un seul article. Le seul livre que j’ai trouvé sur le sujet (intitulé de la sorte du moins) est celui du Professeur Taleb, qui est à l’origine du mot tel qu’il est employé ici. Son livre sur le sujet est riche, peut-être un peu trop, très verbeux, philosophique… Je conseille sa lecture aux personnes qui aiment les livres bien consistants et qui n’ont pas peur des phrases à rallonges et des digressions. Si vous êtes prêt.e.s à vous lancer, foncez…