Commentaires haineux, attaques personnelles ou envers un groupe, incitation à la violence, troll… Ils existent depuis l’essor d’Internet, rien de neuf. Cependant, à l’heure où nous passons de plus en plus de temps sur le web, toute cette négativité peut avoir un impact important sur notre moral et notre santé mentale.
Comment gérer la négativité des médias et la méchanceté des réactions sur Internet sans partir élever des cobayes au Pérou (quoique la mise au vert ça peut être sympa…) ? Voici le guide du consommateur numérique zen !
Internet ne représente pas le monde réel
Avant de découvrir les outils pour surfer sans s’énerver, médite d’abord cette phrase. Elle est très utile et te permet de prendre conscience que :
- Il ne sert à rien d’être jaloux de ce que tu vois sur les réseaux sociaux(1) et de se comparer, qu’il s’agisse des pages de personnes connues ou des profils de tes contacts. En effet, chacun est maître de ce qu’il publie sur son profil, et la plupart des gens n’ont envie que de montrer ce qui se passe bien dans leur vie, les photos qui les mettent le plus en valeur, etc. Ce que tu aperçois d’une personne sur le web ne la définit pas ! D’ailleurs, ça vaut aussi pour les informations publiées par des personnes tierces à son sujet.
- Même quand tu as l’impression que « tout le monde » est con et méchant, ces « grandes-gueules » du web ne représentent en fait qu’une infime partie de la société… mais qui fait beaucoup de bruit ! Les personnes bien intentionnées et les personnes neutres (disons… pas mal intentionnées) ont beaucoup moins tendance à s’exprimer lors de débats houleux ou de controverses douteuses. Et elles ont bien raison !
- Ce que publient les médias dits informatifs ne colle pas à la réalité. La plupart des médias (sites d’information, journaux…) sont financés par des investisseurs. Pour que ces investisseurs y trouvent leur compte, les médias vendent de la publicité pour faire rentrer de l’argent dans leurs caisses (2). Pour obtenir des revenus publicitaires, ces médias mettent donc tout en œuvre pour que leurs pages soient beaucoup visitées : ils abusent alors de titres et sujets « putaclics » (qui encouragent à cliquer quitte à publier un contenu dénué d’intérêt et creux), sujets qui sont traités de manière « judicieuse » pour faire réagir avec véhémence, ce qui crée de la visibilité, et donc plus de revenus…
Maintenant que tu sais qu’il faut traiter tout ce que tu vois sur le web avec beaucoup d’esprit critique, voici trois techniques à mettre en place pour filtrer le contenu qui t’atteint.
Moins de temps sur Internet, mais du temps de qualité
Il serait aberrant aujourd’hui de dire à quelqu’un de ne plus utiliser le web. Les outils numériques offrent de nombreuses opportunités, s’ils sont bien utilisés. Selon la même logique que le désencombrement que je préconise régulièrement sur ce blog, tu vas commencer par te questionner à propos de ton utilisation d’Internet, à ce qui t’est utile et t’apporte quelque chose de positif, à ce qui te fait perdre du temps et à ce qui t’énerve et te rend malheureux.se.
Que fais-tu sur Internet ?
De manière générale, mon premier conseil est de diminuer le temps passé sur Internet. Si l’outil s’avère utile pour beaucoup de choses, il devient une perte de temps et une source de troubles (inactivité, insomnies…) lorsqu’on s’y perd.
Dès lors, entraîne-toi à identifier les moments où tu traînes sur le web sans raison (tu sais, quand tu commences par chercher une information pour savoir si la boule que ton chat a à la patte est dangereuse mais que 2 heures plus tard tu te retrouves devant une vidéo complotiste…) et prends l’habitude d’éteindre ton PC et d’éloigner ton smartphone dès que tu as trouvé l’information cherchée ou que tu as accompli ta tâche.
Je ne dis pas que tout ce que tu fais sur le net doit être « productif », consulter des sites de loisir, jouer, échanger sur des forums sains… n’est pas mal en soi. Mais si le temps passé devant les écrans t’empêche d’avancer dans d’autres projets ou que tu culpabilises par la suite, c’est qu’il faut diminuer ! Le bon réflexe est d’adopter une activité qui te permet de faire une pause (3) et de te recentrer dès que tu te rends compte que tu n’as plus rien à faire sur le net.
Parce que la tentation est souvent grande, et que certains sites ont été précisément pensés pour t’empêcher de fermer la fenêtre, voici des conseils plus concrets concernant trois types de contenus qui peuvent souvent s’avérer toxiques, s’ils ne sont pas maîtrisés.
1. Filtrer les publications sur les réseaux sociaux
Sur les réseaux sociaux, n’hésite jamais à te désabonner d’une page, à quitter un groupe, ou à mettre fin à une relation. Sur Facebook, tu peux facilement te désabonner de quelqu’un qui est dans tes amis si tu ne veux plus voir ses contenus mais que tu ne veux pas l’enlever de ta liste.
Il y a un autre problème : parfois, tu vois passer des choses car tes contacts commentent des publications. S’il s’agit de sites récurrents, tu peux également configurer Facebook pour ne plus voir de publications venant de ces pages. Sinon, la solution du désabonnement du contact fonctionne aussi !
N’hésite pas à utiliser la fonction « Trouver de l’aide ou signaler la publication » lorsque tu identifies du contenu haineux (racisme, misogynie…) ou que la personne qui publie semble avoir besoin d’aide.
Concernant les médias informatifs, ma recommandation serait de se désabonner purement et simplement (pareil si tu as la télévision, arrête de regarder le JT). Tu peux aller chercher l’information quand tu en as besoin. Concernant les informations importantes, tu les entendras de tes proches ou au boulot. Le reste du temps, bouder ces médias te permet de ne pas te miner le moral avec les mêmes informations négatives tous les jours ou des faits divers biaisés.
Si toutefois tu n’envisages pas d’arrêter de suivre les info, choisis un média neutre, non-financé par des annonceurs (ou du moins seulement en partie), et développe ton esprit critique face aux informations et aux gros titres. Sans creuser plus loin, tu peux facilement saisir si tel ou tel média est neutre et sérieux, ou s’il publie des titres « putaclic » donc le contenu est décevant, en lisant quelques articles.
2. Ne pas lire les commentaires sur le net (articles de presse, Youtube, réseaux sociaux, forums…)
C’est devenu un réflexe d’aller lire les commentaires sous les publications ou en bas des articles. Pourtant, c’est précisément là que semblent s’amasser tous les « trolls » d’Internet, ces personnes dont le passe-temps est de lancer des débats houleux et de contredire tout et n’importe quoi pour le plaisir d’énerver les gens.
C’est frustrant, je te l’accorde : parfois, je regarde un reportage sur Youtube sur un sujet qui m’intéresse (souvent ça tourne autour du minimalisme, de l’écologie et du féminisme, des sujets qui soulèvent facilement des controverses). La vidéo me plaît, j’aime le message, mais comme je la regarde toute seule, j’ai un réflexe malheureux : je file dans la section commentaires.
Et là, c’est le drame, car après quelques commentaires qui me font plaisir, je tombe nécessairement sur celui de Jean-Michel Négatif ou de Jean-Jacques Controverse, et ça me fend le cœur.
Alors je me répète le mantra « Ne lis jamais les commentaires« , jusqu’à la prochaine fois où par inadvertance je vais le faire. N’empêche, la plupart du temps, ça m’évite une déconvenue, de l’énervement ou de la tristesse. Car je suis bien humaine, et mon esprit par défaut va toujours se concentrer sur le commentaire négatif plutôt que sur les 25, 50, 200, 1 000… commentaires positifs.
Morale de l’histoire : ne lis pas les commentaires, sauf si tu es sur un site « safe » (ce qui n’est pas le cas des sites publiques et des réseaux sociaux).
3. Ne pas nourrir les trolls
Il y a un adage bien connu parmi les férus d’informatique : « First rule of the Internet: don’t feed the troll » (Première règle d’Internet: ne nourris pas le troll). Un troll, outre une créature imaginaire qu’il faut souvent combattre dans les jeux vidéo, c’est une personne qui cherche à foutre la m*rde et à énerver les gens, juste pour le plaisir.
Face à un commentaire négatif, voire haineux, la tentation est grande d’expliquer à un troll (certains sont plus difficiles à identifier que d’autres) en quoi il se trompe et d’essayer de changer sa vision des choses. Grave erreur.
Ces personnes ne sont pas là pour réellement débattre, elles se cognent de la réalité, de l’avis et de la sensibilité des autres, des combats sociaux… Garde ça à l’esprit : elles s’amusent de l’irritation qu’elles provoquent chez les autres ! Dans d’autres cas, on n’a pas vraiment affaire à des trolls, mais juste à des personnes qui n’ont jamais été capables de se remettre en question, et qui ne laissent des commentaires sur le net que pour se faire mousser et étaler leur pseudo-intelligence/culture/esprit critique. Même résultat.
Il n’y a rien à comprendre ici, la seule solution est de les ignorer et surtout de ne pas se fatiguer à leur répondre. Mieux, tu peux contacter l’administrateur d’un site, d’une page ou d’une chaîne pour lui expliquer en quoi ce commentaire est haineux, irrespectueux, contre-productif… et pourquoi il ne devrait pas être publié.
Certains argumenteront que cela va à l’encontre de la liberté d’expression, mais la liberté d’expression n’est pas un prétexte pour se jouer du bien-être des autres ou frôler les limites en matière d’incitation à la haine ou de marginalisation de groupes sociaux, et l’éditeur d’un contenu publié sur le net en est responsable, y compris des commentaires qu’il autorise !
D’ailleurs, tu n’es même pas censé.e voir ce genre de commentaires vu que tu ne dois plus lire les commentaires sur les sites qui ne modèrent pas les contenus tiers 😜.
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