L’entrepreneuriat, le remède à tous les maux en matière de travail et de développement personnel ? J’ai travaillé pendant 10 ans sans interruption en tant qu’employée en entreprise. J’ai eu un premier boulot, je l’ai quitté après 4 ans pour une autre entreprise. J’ai réitéré 3 ans plus tard. Encore 3 ans plus tard, je remettais ma démission sans savoir où je me dirigerai ensuite : j’étais dégoûtée du monde du travail, fatiguée de m’ennuyer, je ne trouvais pas ma place…
Quitter une carrière qui ne nous convient pas pour l’entrepreneuriat
J’ai longtemps pensé que la seule manière de sortir de cette situation, c’était de devenir indépendante. A vrai dire, depuis que j’étais enfant, avant d’avoir vraiment choisi un métier (tellement de choses m’intéressaient…), je savais déjà que je voulais être indépendante ou cheffe d’entreprise. C’est la peur surtout, et le manque de role models aussi, qui m’a empêchée d’emprunter cette voie dès le début de ma carrière.
Quand j’ai enfin plaqué mes dix ans d’ennui sécuritaire, au bord du bore-out, j’ai foncé vers ce qui me paraissait une évidence : le freelancing.
Devenir freelance pour ne plus s’ennuyer
J’avais envie de faire plein de choses, j’avais pas mal de cartes en main, des idées à revendre. J’étais également consciente de mes difficultés sociales dans le monde du travail, de la peine que j’avais à suivre des ordres avec lesquels je n’étais pas toujours (ou plutôt, rarement…) en accord. Ça me paraissait évident d’emprunter la voie de l’indépendance professionnelle.
Pendant 6 mois, je n’ai été « que » freelance : je n’avais aucun revenu fixe, aucune aide financière, je me suis lancée dans l’aventure, j’ai beaucoup testé, j’ai essuyé des déconvenues, j’ai vécu de belles expériences… J’ai débriefé cette période dans plusieurs articles où je retrace toute mon année professionnelle en 2019, depuis ma démission à ma nouvelle carrière en passant par mon expérience d’entrepreneure et ma réorientation pro…
L’entrepreneuriat, la panacée ?
Si j’espérais que ce changement de statut professionnel allait résoudre tous mes problèmes, je me mettais le doigt dans l’œil. Je n’ai aucun regret, et je continue de mener mes activités freelance, mais j’ai quelque peu changé mon fusil d’épaule, grâce à mon expérience et à certaines lectures.
Premièrement, être entrepreneur.e, c’est beaucoup moins confortable qu’être salarié.e. Ça paraît évident, ok… D’ailleurs, nous sommes nombreux.ses à nous diriger dans cette voie par ennui dans le salariat. J’en étais consciente, c’était aussi le challenge de cette situation qui m’attirait.
Ce que je n’avais pas calculé, c’est que j’allais commencer à associer ma passion avec des contraintes.
Plus précisément donc, c’est le fait de vouloir vivre de ma passion qui finalement ne m’a pas convaincue, dingue non ? J’associais par exemple l’écriture (qui était l’une des deux branches que j’exploitais en tant que freelance, mais aussi ma passion depuis l’enfance) avec la recherche de clients, de contrats, la nécessité de gagner de l’argent pour vivre, la paperasse, le networking (que j’aime avec beaucoup de modération ahah), la négociation, et donc le stress et les contraintes… et finalement, ce n’était pas gai !
« Fais ce que tu aimes et tu n’auras jamais à travailler un seul jour dans ta vie travailleras super dur tout le temps sans séparation ou frontière et tu prendras tout extrêmement personnellement«
Je me suis aussi rendu compte qu’il y avait pire qu’avoir un patron : avoir des clients ! Au final, j’ai compris que ce qui me convenait, c’est la création de contenu qui se vend passivement, mais pas la prestation de services où je dois démarcher des clients par exemple. Donc ça réduit pas mal les possibilité !
Mettre tous ses œufs dans le même panier
C’est en lisant de livre de l’Ikigai ainsi que Antifragile que j’ai compris que j’avais eu tort de tout miser sur le même cheval (dis donc, cet article est un vrai recueil d’expressions désuètes…).
Beaucoup de choses se sont déroulées en même temps, j’ai cherché à tout résoudre en un mouvement sans me rendre compte que les sources n’étaient pas tout à fait les mêmes. Il y avait d’une part mon travail (salarié), avec lequel je n’étais pas du tout en accord pour plusieurs raisons, et que j’avais traîné à quitter par peur, et d’autre part, ma tendance à m’ennuyer et mon besoin d’exploiter à fond mes lubies.
Et si finalement, il y avait deux solutions complémentaires à ces problèmes, et pas une seule ?
On n’a pas UNE carrière
Non, il n’y a aucune obligation de rester enfermé dans un même job toute sa vie. Non, on n’est même pas obligé de choisir un travail en fonction des études qu’on a faites. Oui, on peut créer une entreprise, la fermer, la vendre, passer à autre chose. Oui, pareil pour une carrière salariée. Oui, on peut passer du salariat à l’entrepreneuriat, et de l’entrepreneuriat au salariat, autant de fois qu’on le souhaite. Oui, on peut cumuler plusieurs activités, selon le rythme qui nous convient. Oui, on peut faire une pause non productive pour mieux revenir. Oui, on peut faire des études, les arrêter, en commencer d’autres, à tout âge.
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C’est suite à cette réflexion que j’ai opéré encore un gros changement dans ma vie, la même année : une réorientation professionnelle dans un domaine totalement différent. Je suis redevenue junior à passé 30 ans, je dois « tout réapprendre », je découvre un nouveau monde… mais qu’est-ce que c’est cool !
Oui, on peut prendre son pied dans le salariat…
Je suis retournée dans le circuit du boulot salarié, avec une promesse envers moi-même : ne plus jamais attendre si je sens que je ne suis pas à ma place. J’ai découvert que j’étais juste dans le mauvais secteur, exerçant un métier qui ne me convenait pas et que j’avais travaillé pour des entreprises qui n’étaient pas en accord avec mes valeurs.
L’énergie vitale qui m’avait quittée il y a des années est revenue, car j’ai retrouvé la stimulation intellectuelle et l’intérêt dont j’ai manqué tout ce temps. J’ai aussi découvert un autre état d’esprit, une autre dynamique entre les gens, une autre mentalité, qui me conviennent mieux.
Et si la situation finit par ressembler à celle que j’ai connue ? Et si je finis par me lasser ? Je serai toujours libre de changer à nouveau de carrière ! Il sera bien temps d’y penser… à ce moment-là, SI ça arrive ! (Peut-être qu’entre temps, Netflix aura acheté les droits de Big Universe et je n’aurais plus à me poser ce genre de questions 😂)
Cependant, je ne mets pas de côté mon autre « contrainte », j’ai besoin de diversité dans mes activités, j’ai besoin d’exploiter à fond mes passions (parfois éphémères), je suis une personne entière qui a besoin de creuser, comprendre, maîtriser… puis découvrir autre chose. J’ai donc gardé mon statut de freelance (vive le portage salarial), car j’ai toujours envie de faire de la rédaction web, j’ai toujours envie de proposer des contenus Premium en plus de tout le contenu gratuit du blog et des réseaux sociaux associés, j’ai toujours envie de donner des ateliers et conférences sur le minimalisme quand j’y suis invitée. Entre temps, j’écrirai sûrement encore des romans. Peut-être que dans 6 mois je trouverai une nouvelle idée à exploiter, et je me l’autoriserai.
Evidemment, si j’avais soulevé des milliers d’euros par mois et que mon activité d’entrepreneure avait décollé sans effort (spoiler alert : ça n’arrive que dans les discours des gens qui essaient de vendre des formations pour devenir entrepreneur.e sans rien faire), je tiendrais probablement un autre discours ! Si je n’avais pas fait une formation et découvert une vraie passion pour un nouveau job, je serais moins enthousiaste, de même que si les premiers moments dans mon nouveau travail n’avaient pas été positifs.
Cependant, je trouvais important de partager cette expérience, pour déculpabiliser les personnes qui se lancent dans cette voie et n’y trouvent pas LEUR bonheur et LEUR sens, mais aussi pour que tout le monde se rendre compte qu’on n’est pas lié.e à vie à un métier, une entreprise, un secteur…
Le principal message ici, ce n’est PAS que vivre de l’entrepreneuriat est irréalisable ou toujours synonyme de contraintes.
Ce n’est ni une éloge du salariat, ni son contraire. Là où je veux en venir, c’est que les choses ne s’excluent pas mutuellement, et que la richesse se trouve peut-être justement dans le mélange que l’on peut en faire : entre un travail « principal » (à temps plein ou pas), sécuritaire, qui nous permet de ne pas devoir penser sans cesse à l’argent que l’on va rentrer chaque mois, mais où on peut se sentir bien, des activités accessoires qui nous apportent épanouissement personnel, découverte de soi, fierté, et tant qu’à faire, un peu d’argent de poche, d’autres activités dans une association ou dans l’économie circulaire… il y a de quoi satisfaire tous nos besoins personnels, spirituels et matériels.
Sur ce, je vous laisse, je vais travailler à ma dernière idée en date 😃.
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