Cela fait un moment que je pense à la place qu’ont pris les réseaux sociaux et Internet dans ma vie, jusqu’à me demander parfois s’ils n’étaient pas en partie la cause de mon mal-être. Idée qui est soulevée dans une vidéo parue sur le net qui m’a donné envie de creuser le sujet. Je pense que ce sentiment est partagé par beaucoup de gens. Vu la place des réseaux sociaux dans notre quotidien, il faut apprendre à développer son esprit critique et à prendre du recul dès que c’est nécessaire.

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Des sous-titres en français sont disponibles pour la vidéo.

Quand le focus sur l’image devient trop important

Le premier constat de cette vidéo est que les réseaux sociaux, en particulier ceux centrés sur l’image, comme Instagram, Tik Tok, ou Youtube, augmentent notre mal-être : nous sommes constamment bombardés d’images de personnes qui semblent connaitre le bonheur absolu et le succès. Elles ont l’air heureuses. Finalement, on a l’impression que nous aussi, nous pourrions être heureux en étant comme ces personnes. En étant célèbre sur Internet, en étant maigre, taillé.e comme une poupée ou extrêmement musclé.e, en ayant chaque semaine de nouveaux vêtements, de plus en plus sexy, en sortant dans des endroits branchés…

Chacun s’accroche à un élément qui réveille un mal-être profond en lui, et va tenter d’étouffer ce mal-être grâce a des moyens superficiels. On pense qu’une fois qu’on aura le même corps que tel fit-boy ou telle fit-girl, on sera heureux.se. On est persuadé.e que notre reflet nous satisfera dès qu’on aura atteint ce but. Et on s’y accroche. Et on est déçu, car la plupart des personnes qui arrivent à de tels résultats y arrivent parce qu’elles ont des prédispositions, ou qu’elles font d’énormes sacrifices pour atteindre ces buts. Soit elles sont devenues populaires sur Internet parce qu’elles avaient quelque chose qu’elles pouvaient faire envier aux autres, soit elles ne vivent que pour le résultat qu’elles pourront poster sur les réseaux sociaux. A plein temps. Et nous, personnes « normales », on n’a pas les moyens d’en arriver là, à moins de mettre notre vie sur pause. Alors on continue d’essayer, on continue d’échouer, et on continue d’être malheureux.se.

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Heureusement, grâce aux mouvements Body Positive, de plus en plus d’influenceuses montrent des avant/après avec et sans pose « fit-girl ». Mais est-ce suffisant pour que l’on garde à l’esprit que tout est faux sur les réseaux sociaux ?

Comme j’en parle dans mon article sur Beauty Sick, l’effet pervers ici est de garder ce focus sur l’apparence physique et le corps (ce qui est un reproche que l’on peut formuler à l’encontre du mouvement Body Positive), même si ça aide à relativiser et que ça fait du bien de se rendre compte à quel point tout est manipulé et transformé sur Internet. On reste dans une logique de comparaison, même si c’est pour se sentir mieux, et donc de jugement du physique.

A côté de ces influenceuses qui acceptent de jouer la carte de la transparence par moment, il y en a une majorité d’autres qui publient uniquement ce qu’elles veulent bien montrer et vendent du rêve, du fantasme, du bonheur, figés dans une photo ou dans quelques secondes de vidéo.

les réseaux sociaux centrés sur l'image causent du tort à l'image que les filles ont d'elles-mêmes

Le bonheur fait vendre sur les réseaux sociaux : cache ta réalité !

Le pire, c’est qu’on ne se rend pas compte que ces personnes ne sont pas plus heureuses que nous. Elles peuvent le prétendre, car elles ne postent que des messages où elles parlent de leur bonheur, que des photos prises au bon moment. Sur les réseaux sociaux, le bonheur est vendeur, pas question de montrer ses mauvais moments, pas question de se montrer simple humain. Vous ne serez jamais aussi célèbre que si vous réussissez à vendre du rêve.

Cela vaut aussi dans notre vie de tous les jours et nos contacts directs sur les réseaux sociaux : la majorité des gens vous jettent leur bonheur et leurs réussites au visage, quitte à mentir, quitte à se mentir. Pas question d’être transparent et de laisser entrevoir que nous ne sommes pas parfaits.

Il en va de même pour les célébrités. Il faut dire qu’elles ont envahi les réseaux sociaux, au même titre que les influenceur.se.s sont maintenant considérés également comme des célébrités. Quelles que soient nos idoles, nous les idéalisons sans penser que derrière cette façade médiatique, il y a une personne normale, comme nous, qui vit les mêmes choses que nous, qui peut très bien afficher un semblant de bonheur et de confiance en soi alors qu’elle est brisée a l’intérieur. Les célébrités sont obligées d’afficher leur bonheur, on leur en voudrait de ne pas être heureuses alors qu’elles ont tout ce qu’on pourrait désirer.

Une jeune fille de prend en photo sur la plage

L’injonction de la beauté dans notre société 2.0

Un autre point important qui était souligné, c’est l’importance du paraître dans notre société, qui a pris encore plus d’ampleur à cause des réseaux sociaux, des blogs et chaines YouTube. Le nombre de chaines beauté en atteste.

Désormais, un maquillage normal est hyper élaboré, chargé, digne des meilleurs tutoriels beauté. Les youtubeuses en particulier, sont jugées sans arrêt sur leur physique. Alors la plupart apparaissent toujours maquillées, très maquillées. A force de voir ces visages modifiés, ils sont devenus une nouvelle norme.

Les femmes, majoritairement, se maquillent de plus en plus, de plus en plus tôt. Conséquences : d’une part, beaucoup ne se supportent plus sans maquillage, tant elles ont une image biaisée d’elles-mêmes. D’autre part, passer beaucoup de temps à se pomponner, c’est passer beaucoup de temps à se regarder dans le miroir, à se focaliser sur notre physique, et à se juger, se critiquer.

Ce qui est censé nous apporter un réconfort ne fait peut-être que nous enfoncer un peu plus finalement. Un cercle vicieux. Plus on se sent mal dans notre  peau, plus on se maquille, et plus… etc.

Nous oublions aussi que nous sommes autre chose que notre physique, et que cette question ne devrait pas nous obséder en permanence.

Place à la détox digitale

Que peut-on faire face à cette pression du physique parfait ou de la glam life sur les réseaux sociaux ?

  1. Se désabonner des comptes qui prônent des objectifs inatteignables et qui postent des photos irréalistes. Si certains de tes contacts postent beaucoup de photos de ce genre ou en partagent, tu as le droit d’arrêter de les suivre, te désabonner des notifications, ou de leur en parler pour les sensibiliser au sujet.
  2. Passer moins de temps sur les réseaux sociaux, ne pas hésiter à désinstaller les applications quand on passe par une période où on se sent mal dans sa peau (pour une question de physique ou non) et à aller prendre l’air ou se plonger dans une activité détente sans écrans.
  3. Garder en tête que les êtres humains ne sont pas comparables entre eux et que tu ne connais pas une personne sur base de ce qu’elle publie sur Internet ! Apprends à relativiser, mets le doigts sur ce qui te dérange dans ces posts, et si quelque chose doit changer dans ta vie pour te sentir mieux, travailles-y. Mais surtout, sans te donner comme objectif d’atteindre quelque chose que tu as vu sur Internet ou dans les médias. Le besoin de changement doit venir de toi, pour toi. Il ne doit pas être créé par ce que publient les autres sur Instagram.

Première version de l’article : 2017

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