nos poubelles débordent à mesure que nous sur-consommons tout type d'objets

Annie Leonard et The Story of Stuff ont fait entendre parler d’eux grâce à un petit film d’animation, largement diffusé sur Internet. Ayant travaillé pour différentes organisations environnementalistes, Annie y pointait du doigt certains problèmes comme l’obsolescence programmée, le consumérisme au détriment des populations, ou encore la présence de produits toxiques dans les cosmétiques.

J’avais donc hâte de lire son livre pour approfondir le sujet grâce à l’expertise de son auteure. Même si Annie base beaucoup son écrit sur les USA, le livre est extrêmement enrichissant et vaut le coup d’être lu. (J’ai lu la version originale en anglais, il existe une version francophone, « La Planète Bazar » chez Dunod, qui est peut-être plus adaptée au public hors Etats-Unis.)

Nos objets : une histoire sociale, humaine, écologique et énergétique

Un livre sur « L’histoire des choses », plus précisément, toutes les implications sociales et environnementales des choses que nous achetons, souvent sans en avoir besoin. Utile (voire nécessaire) pour nous ouvrir les yeux, voir plus loin que ce qu’on veut bien nous montrer, et se convaincre enfin de consommer autrement.

Dans cet article, je décris les points qui m’ont particulièrement marqué et les choses que j’ai apprises grâce à ce livre.

Consommation et racisme environnemental : loin des yeux, loin du cœur

  • Le racisme environnemental : le fait d’exporter nos déchets (nos décharges !), de délocaliser les industries, permet non seulement d’économiser sur les salaires, mais surtout pour pouvoir :
    • faire fi des lois sociales, des règles de sécurité qui font perdre du temps et de l’argent aux entreprises,
    • ignorer la protection des personnes,
    • utiliser des substances toxiques sans toucher nos semblables (substances qui sont manipulées par les travailleurs, rejetées dans les parages, qui se retrouvent jusque dans le lait maternel…).
  • Les conflits armés qui se jouent à l’autre bout du monde pour l’extraction de certaines matières premières, la corruption, l’esclavagisme moderne, la destruction d’habitations humaines et d’habitats naturels, le tout avec son lot de viols et autres violences gratuites (re racisme environnemental) : retour à l’âge des colonisations brutales.
  • On observe la même chose en matière de fast-fashion : payer un t-shirt 5€ ne nous dérange pas, même si en Inde et ailleurs dans le monde, des gens en meurent.

Consommons pour travailler plus

Lorsque les avancées techniques et technologiques ont permis de produire plus vite, l’industrie a préféré produire plus que nécessaire et trouver des moyens de vendre ces produits inutiles plutôt que de permettre aux travailleurs de réduire leurs heures de travail.

Petits prix et délocalisation du travail

  • C’est le mode de consommation actuel qui est responsable de la délocalisation de beaucoup d’industries, et donc d’emplois : si les consommateurs ne réclamaient pas plus d’objets inutiles à des prix toujours plus bas, l’économie serait toute autre. Ironiquement, je vois souvent sur Internet des détracteurs du minimalisme et de l’écologie qui disent que ces courants risquent de tuer l’économie.
  • Les grandes entreprises qui proposent des biens à petits prix réduisent leurs coûts de fonctionnement en payant leurs employés, même dans nos pays « développés », au plus bas, et en coupant dans les avantages sociaux, ainsi qu’en utilisant des techniques commerciales peu correctes avec leurs fournisseurs.

Gaspillage, malheur et dettes

  • Des milliards de $ sont gaspillés dans des objets de consommation inutiles, polluants et pour lesquels des populations souffrent. Ces sommes sont plus élevées que ce qui est injecté dans l’enseignement et pourraient servir à subvenir aux besoins en eau potable du monde entier, entre autres exemples.
  • La population des USA, le plus gros consommateur mondial, affiche un indice de bonheur très faible (une très petite portion de la population se dit heureuse). Après un certain niveau de vie, plus précisément dès que les besoins primaires sont satisfaits, plus de richesse ne signifie pas plus de bonheur. D’ailleurs, notre rythme de vie actuel nous en éloigne, puisque nous passons de moins en moins de temps à faire des activités sociales, qui sont pourtant un facteur clé dans l’accès au bonheur d’après de nombreuses études sur le sujet. Comme le dit l’auteure « La première et la deuxième paire de chaussures nous procurent du bonheur, pas la dixième« .

Lire aussi : Ce que le cours sur La Science du Bonheur m’a appris

  • Les aliments qui pourrissent dans les décharges sont la source principale des émanations de méthane (un gaz à effet de serre), d’où l’importance de limiter le gaspillage de nourriture et de composter au lieu de jeter la nourriture dans nos poubelles – article complémentaire du CNIID à ce sujet

Ouvrons nos yeux sur les habitudes de consommation actuelles

Quelques passages à méditer (je me suis permise de traduire moi-même depuis la version anglaise, que j’ai lue) :

« Après un certain point, la croissance économique (plus d’argent et plus de possessions) cesse de nous rendre plus heureux. Je veux dire, si tout le monde s’amusait et profitait de loisirs, de rires, et de bien-être, nous pourrions décider que la poursuite de la croissance vaut la peine de détruire la planète. Mais la majorité d’entre nous ne s’amuse pas : au lieu de ça, on rapporte de hauts niveaux de stress, de dépression, d’anxiété et de malheur. »

La planète bazar

« Ce que je questionne, ce n’est pas la consommation mais le consumérisme et la surconsommation. Alors que la consommation signifie acquérir et utiliser des biens et services pour satisfaire ses besoins, le consumérisme est la relation particulière à la consommation dans laquelle nous cherchons à satisfaire nos besoins émotionnels et sociaux à travers le shopping, et que nous définissons et démontrons notre propre valeur à travers les choses que nous possédons. La surconsommation, c’est quand nous prenons beaucoup plus de ressources que nous n’en avons besoin et que la planète peut le supporter (…) »

La planète bazar

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Lire La planète bazar

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